JOYEUX NOËL
D’ici quelques semaines, les crèches vont descendre
des greniers, les rues et les magasins de nos villes et de nos villages vont se
parer de milliers de guirlandes et d’illuminations plus jolies les unes que les
autres. Les chalets de bois vont se monter, les rues vont s’embaumer l’odeur des
marrons grillés et du vin chaud aux senteurs de cannelle et d’oranges. Les
trottoirs seront occupés par une horde de consommateurs s’essoufflant à courir
de magasin en magasin pour trouver de quoi combler de cadeaux les enfants et
préparer une table gargantuesque pour les adultes. Certains iront jusqu’à se
mettre financièrement en difficulté pour suivre le rythme commercial de notre
société et participeront ainsi à nourrir grassement l’industrie matérialiste. Ensuite, un peu partout dans le monde, les
chrétiens déposeront le 24 décembre à minuit l’Enfant Jésus dans son lit de
paille, la tradition populaire réunira les familles, les enfants recevront une
quantité de cadeaux et les adultes festoieront. Dans ce joyeux capharnaüm, Noël
se fêtera. Mais savons-nous ce que nous fêtons ?
À l’origine, cette période de festivités romaines appelées
« les saturnales » marquait le solstice d’hiver, la renaissance du
soleil et la victoire de la lumière sur l’obscurité. Noël est en réalité une
fête païenne christianisée au IIe siècle. Le calendrier grégorien institué au
XVIe siècle utilisé par les protestants et les catholiques marque Noël le 25
décembre. L’Église orthodoxe ayant conservé le calendrier julien célèbre la
nativité le 7 janvier. Noël est pour les chrétiens une fête commémorant chaque
année à des dates différentes, la nativité et bien qu’aucun texte ne donne la
date de naissance de Jésus, son association au renouveau et à la lumière semble
tout à fait naturelle.
« Je suis venu dans le monde, moi qui suis la lumière,
afin que quiconque croit en moi ne demeure point dans les ténèbres. Et si
quelqu’un entend mes paroles et ne croit pas, je ne le juge point, car je ne
suis pas venu pour juger le monde, mais pour sauver le monde. » Évangile de
Jean, 12, 46-47.
Si aujourd’hui, Noël perd de son caractère religieux et que
Jésus se voit remplacer par le père Noël ou Saint-Nicolas le saint patron des
enfants, voyons ce qu’est la magie de l’Esprit de Noël.
L’esprit de Noël :
Charles Dickens, dans son conte « Un chant de
Noël » écrit en 1843, nous décrit l’abominable Monsieur Scrogge,
personnage avare égoïste et acariâtre détestant Noël. Un soir de décembre, l’âme
souffrante de son associé Jacob Marley se manifeste et annonce à Ebenezer Scrogge
l’arrivée prochaine de trois esprits missionnés, pour l’aider à prendre
conscience qu’il est temps pour lui d’adoucir son cœur et de changer son comportement.
Chacun de ces trois fantômes va le faire voyager dans le temps. Celui du Noël
passé l’emmène dans son enfance, celui du Noël présent le conduit dans la
maison de l’employé qu’il exploite depuis plusieurs années, là, le cœur de ce
personnage acerbe est touché par la compassion. Le troisième esprit, celui du Noël
futur le met face à sa vieillesse, à sa solitude et sa mort. Le lendemain du
troisième voyage, Monsieur Scrogge se réveille transformé et heureux, la nuit
venait de lui faire prendre conscience de l’importance de l’amour, de la joie
et de la charité. Il comprit également qu’il ne pouvait pas modifier le passé
et qu’il avait en lui tout pour changer le futur, il devait simplement faire
l’effort de travailler sur lui-même et modifier son comportement envers les
autres.
L’Esprit de Noël, c’est un état d’être et au-delà de
l’ambiance magique et féérique qu’il dégage, c’est une période dans laquelle beaucoup
espèrent un peu de joie, de reconnaissance et de paix. Car, si pour certains
Noël est un moment joyeux et festif, pour d’autres ce n’est qu’un soir et une
journée de tristesse, de privation et de solitude identique aux autres soirs et
jours de l’année.
Noël charité et fraternité :
Lorsque nous relisons
les messages du Christ, il nous demande « d’aimer notre prochain
comme nous même et de faire pour les aux autres ce que nous voudrions que
les autres fissent pour nous », il ne nous dit pas que la loi d’amour doit
s’appliquer une seule fois par an, il nous conseille d’être charitable et
fraternelle à chaque instant de notre existence.
Pour cela, nous devons ouvrir les yeux, prendre conscience
du monde et des êtres qui nous entourent, comme Monsieur Ebenezer Scrogge nous avons
tous des défauts, des blessures et des regrets. Nous savons que le passé est
figé. Cependant, comme lui, nous avons les moyens d’améliorer le présent et de
ce fait le futur.
Pour cela, il suffit de se remettre en question et de
travailler sur soi. La réforme intime est faite de réflexions, d’analyse et de
prise de conscience. Elle s’applique dans notre quotidien, en changeant nos
pensées et nos actes. Nous pouvons par exemple pardonner, reconnaître nos
erreurs, régler nos conflits familiaux, ouvrir notre cœur, respecter la nature,
les animaux, tendre la main et prendre conscience de la vie.
Il y a tellement de petites choses à faire pour que la magie
de l’esprit de Noël s’opère. Un sourire, une parole, un regard, une poignée de
main sont des cadeaux merveilleux pour celui que la société a exclu, prier pour
les malades, récolter des vêtements et des jouets pour les redistribuer,
s’investir dans une œuvre de charité, etc. Voyez combien nos bras peuvent être
chargés de cadeaux.
« C’est Noël
chaque fois que vous souriez à votre frère et lui tendez la main, chaque fois
que vous vous taisez pour écouter quelqu’un, chaque fois que vous tournez le
dos aux préjugés qui relèguent les opprimés aux confins de leur isolement...
chaque fois que vous espérez avec les prisonniers, ceux qui sont chargés du
poids de la pauvreté physique, morale ou spirituelle, chaque fois que vous
reconnaissez avec humilité vos limites et votre faiblesse.
C’est Noël chaque fois que vous permettez à Dieu
d’aimer les autres à travers vous. Prions Dieu qu’à Noël nous puissions
accueillir La Lumière non dans la froide mangeoire de notre cœur, mais dans un
cœur plein d’amour et d’humilité, animé par la chaleur de l’amour que nous
avons les uns pour les autres. »
Mère Thérèsa
L’Esprit spirite :
Nous avons beaucoup de chance, nous qui étudions la
philosophie spirite, nous sommes aidés et guidés. Si nous nous référons à la
question 625 du Livre des Esprits :
« Quel est le type le plus parfait que Dieu ait offert
à l’homme pour lui servir de guide et de modèle ? L’esprit répond : “Voyez
Jésus. » Jésus est pour l’homme le type de la perfection morale à laquelle
peut prétendre l’humanité sur la terre. Dieu nous l’offre comme le plus parfait
modèle, et la doctrine qu’il a enseignée est la plus pure expression de sa loi,
parce qu’il était animé de l’esprit divin, et l’être le plus pur qui ait paru
sur la terre. »
La naissance du Christ sur terre est la lumière du monde. L’enseignement
qu’il a transmis à l’humanité est imprégné d’amour, de charité, de compassion
et de fraternité. Les valeurs morales et spirituelles doivent s’appliquer
chaque jour de l’année.
« Le Christ a été l’initiateur de la morale la plus
pure, la plus sublime ; de la morale évangélique chrétienne qui doit
rénover le monde, rapprocher les hommes et les rendre frères ; qui doit
faire jaillir de tous les cœurs humains la charité et l’amour du prochain, et
créer entre tous les hommes une solidarité commune ; d’une morale, enfin,
qui doit transformer la terre, et en faire un séjour pour des Esprits
supérieurs à ceux qui l’habitent aujourd’hui. » Allan Kardec, L’Évangile selon le
Spiritisme chapitre 1 – page 33.
Quels que soient l’orientation spirituelle que nous avons et
le sens que nous attribuons à ce jour particulier, sa quintessence symbolique
est la même, l’amour et le partage.
Si nous transformons la fête de Noël en fête de l’Amour, la
lumière ne brillera plus uniquement dans les rues durant quelques heures, cette
lumière sera à l’intérieur de nous, dans nos cœurs, l’étoile ne sera plus en
haut du sapin, elle se trouvera dans nos yeux. « Allez, allez au-devant de
l’infortune ; allez au secours des misères cachées surtout, car ce sont
les plus douloureuses. Allez, mes bien-aimés, et souvenez-vous de ces paroles
du Sauveur : ‘Quand vous vêtirez un de ces petits, songez que c’est à moi que vous le
faites !’ » Allan Kardec, L’Évangile selon le Spiritisme chapitre
XIII – page 152.
À nous, de savoir quelle valeur nous voulons donner au
message du Christ et quelle place nous accordons dans notre vie à nos frères et
au devoir. Chacun aura sa réflexion sur le sujet, s’il est vrai que nous sommes
emportés par la vague des fêtes de fin d’année, nous sommes tous suffisamment
riches pour offrir ce jour-là et tous les autres jours de l’année les plus
beaux cadeaux que sont l’amour et le pardon.
Mauricette Ruchot
Fête de Noël.
(Société spirite de Tours, 24 décembre 1862. — Médium, M.
N…)
C’est ce soir que, dans le monde chrétien, on fête la
Nativité de l’Enfant Jésus ; mais vous, mes frères, vous devez aussi vous
réjouir et fêter la naissance de la nouvelle doctrine spirite. Vous la verrez
grandir comme cet enfant ; elle viendra, comme lui, éclairer les hommes et
leur montrer le chemin qu’ils doivent parcourir. Bientôt vous verrez les rois, comme
les mages, venir eux-mêmes demander à cette doctrine des secours qu’ils ne
trouvent plus dans les anciennes idées. Ils ne vous apporteront plus l’encens
et la myrrhe, mais ils se prosterneront de cœur devant les idées nouvelles du
Spiritisme. Ne voyez-vous pas déjà briller l’étoile qui doit les guider ?
Courage donc, mes frères ; courage, et bientôt vous pourrez avec le monde
entier célébrer la grande fête de la régénération de l’humanité.
Mes frères, vous avez longtemps renfermé dans votre cœur le
germe de cette doctrine ; mais aujourd’hui voilà qu’il apparaît au grand
jour avec l’appui d’un tuteur solidement planté et qui ne laissera pas fléchir ses
faibles branches ; avec ce soutien providentiel, il grandira de jour en jour
et deviendra l’arbre de la création divine. De cet arbre vous récolterez des
fruits que vous ne conserverez pas pour vous seuls, mais pour vos frères qui
auront faim et soif de la foi sacrée. Oh ! alors, présentez-leur ce fruit,
et criez-leur du fond de votre cœur : « Venez, venez partager avec
nous ce qui nourrit notre esprit et allégit nos douleurs physiques et morales. »
Mais n’oubliez pas, mes frères, que Dieu vous a fait lever
le premier germe ; que ce germe a crû, et qu’il est devenu déjà un arbre
propre à rapporter son fruit. Il vous restera quelque chose à utiliser, ce sont
ces tiges que vous pourrez transplanter ; mais auparavant, voyez si le
terrain auquel vous confiez ce germe ne cache pas sous sa couche apparente
quelque ver rongeur qui pourrait dévorer ce que vous a confié le Maître.
Signé : SAINT LOUIS. Revue spirite – 1863 —
A chacun sa part de lumière :
Chacun accourt dans le salon bien chauffé et chacun y porte
son tribut de bonne humeur et de gaieté. Les petits enfants ouvrent leurs
grands yeux interrogateurs et demandent ce qui donne à la maison cet air de
fête, ils aspirent des parfums inaccoutumés, et à leurs nombreuses questions on
répond toujours : c’est Jésus qui naît cette nuit ! Ils voudraient
bien veiller et attendre les événements, mais leurs paupières se closent à l’heure
habituelle, dans les bras de l’heureux sommeil de leur âge, ils trouvent toutes
les merveilles, toutes les splendeurs rêvées par leur jeune imagination.
Arrêtons-nous plus loin, voici des enfants encore. Ceux-là,
pauvres petits déshérités, ne voient dans leur intérieur rien qui indique l’approche
d’une fête. Le froid est le même que les jours précédents, l’isolement tout
pareil à celui de la veille, la mère courbée sur son travail soupire comme d’habitude
et plus encore que d’habitude ! Cependant, pauvre enfant, quelque chose le
tient éveillé. C’est le son joyeux de la cloche, c’est le carillon de la fête
qu’on célèbre à l’église. N’ira-t-il pas voir les cierges allumés, admirer les
fleurs de l’autel, entendre avec ravissement la grande voix des orgues et les
chants ? Non, non, pauvre enfant, il fait froid et ton désir fait monter
une larme de regret aux yeux de ta mère ! Non, mais pour toi aussi viendra
le bon sommeil, il emportera ta petite âme vers ces fleurs, vers ces lumières,
vers ces chants qui t’appellent ! Pauvre enfant, sois heureux, toi aussi
tu vas rêver du petit Jésus.
Cherchons encore autour de nous, voici d’autres familles où
cette soirée a été longuement attendue et tendrement préparée ; ici l’enfant
heureux contemple des merveilles ! Jésus, le bon ange du ciel a passé sur
la maison et il a laissé sur ses pas les traces du bonheur !
Extrait du livre Rayonnement de la vie spirituelle
Madame De Watteville Krell
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