LE BONHEUR – première partie
Le
but essentiel de l’homme est d’atteindre le bonheur dans cette vie. Mais
savons-nous exactement ce que nous recherchons et ce qu’est le bonheur ?
La
définition du bonheur que j’ai trouvée sur Wikipédia est : « Le bonheur est un état durable de plénitude, de satisfaction ou de sérénité, état agréable et équilibré de l’esprit et du corps,
d’où la souffrance,
le stress, l’inquiétude
et le trouble sont absents. Le bonheur n’est
pas seulement un état passager de plaisir, de joie, il représente un état plus durable, un
équilibre. »
Le bonheur terrestre
Si
nous demandions à des individus de générations différentes de lister les instants
de bonheur qu’ils ont pu savourer dans l’année écoulée, et de noter leurs émotions
lorsqu’ils se remémorent les événements. En toute logique, les premiers
témoignages dégageraient émotionnellement du plaisir, de la joie et petit à
petit arriveraient les souvenirs éveillant de la peine, de la tristesse… Manifestement,
certains moments de bonheur pourtant espérés sont parfois une source de
déception et de regrets.
Ensuite,
nous pourrions remarquer que la perception et les critères de satisfaction procurant
de la joie sont intimement liés à la personne et se déterminent en fonction de
son âge, de son pays, de sa culture, du milieu social dans lequel elle évolue,
de son développement intellectuel, moral et spirituel, de ses aspirations, de
ses attentes…
À
tout âge, les éléments marquant notre quotidien nous enseignent que les
expériences agréables de la vie ne sont pas continuelles. Par conséquent, les
bonheurs aussi simples qu’ils sont, par exemple le plaisir de regarder un
dessin animé, ou les plus ambitieux, ceux de réussir des études, d’obtenir un
travail épanouissant, d’avoir beaucoup de biens matériels, etc., sont éphémères,
passagers et fluctuants.
Le
bonheur sur terre est fragmentaire, c’est une série de petites ou de longues
expériences agréables entrecoupées de tristesse et de déception, de rencontres
et de séparations, de rires et de larmes. C’est un état subjectif que nous nous
efforçons de trouver dans les plaisirs venant combler un besoin immédiat de
notre existence. En général, il se manifeste et nous allons le rechercher chez
notre conjoint, nos enfants, nos amis, les objets que nous possédons, nos
économies, notre profession, nos désirs accomplis…
Les bonheurs sont variés
·
Celui
qui a faim appréciera les jours où il peut se nourrir ;
·
Le
SDF le détectera dans un sourire, un bol de soupe, une couverture…
·
Une
personne âgée dans la reconnaissance et la bienveillance de l’autre ;
·
Le
bébé affamé le trouvera dans la tétée ;
·
Le
gourmand dans le plaisir de manger ;
·
Les
parents dans la naissance de leur enfant et sa réussite professionnelle et
sociale ;
·
L’enfant
dans ses jouets ;
·
Un
adolescent dans la permission de sortir…
Sa
sensibilité et sa fugacité sont perceptibles quand il se manifeste, nous l’effleurons
du doigt et il s’efface.
Le bonheur n’est donc pas facilement accessible et fait partie des
aspirations majeures des hommes. Malgré
cela, nous passerons l’essentiel de notre existence à essayer de le découvrir
ou de le créer, la raison est simple, le bonheur est
le stimulant de la vie. Lorsqu’il nous arrive de le ressentir à
proximité, nous espérons le cristalliser dans notre vie et nous nous évertuons à vouloir l’enfermer dans une tour de sable à la
merci des intempéries. Nous sommes des chercheurs d’or, pour dénicher la
pépite de nos rêves, nous consacrons la majeure partie de notre vie à fouiller
les alluvions de la rivière pour un peu de poussière. Nous agissons ainsi parce
que tous les individus espèrent être heureux. Mais
tout comme la vie et l’être humain, le bonheur est en mouvement, il est
passager et évolue.
La course au bonheur
Le bonheur que nous convoitons est superficiel.
Lorsque
nous nous projetons dans notre avenir, nous rêvons d’une meilleure existence. Pour
l’obtenir, nous consacrons la majeure partie de notre temps à rechercher quelque
chose de mieux ou plus beau encore que ce que nous avons. Et paradoxalement, nous
souhaitons une vie plus tranquille, plus riche, moins fatigante, en bonne santé,
un travail bien payé… En réalité, cette poursuite insatiable du plaisir
toujours plus grand nous fait passer à côté de nombreux moments de bonheur. Une
fois l’illusion évanouie, le trophée de ce marathon devient rapidement une cause
de déception, d’erreurs et de regrets.
Déception : combien, ont interrompu leurs
études, convaincus qu’ils trouveraient du travail et gagneraient de
l’argent ?
Erreurs : il en est de même pour les
objets de notre quotidien. Dès l’instant qu’ils nous lassent, ne procurent plus
de plaisir ou sont désuets, nous reprenons sans attendre notre course, les
sociétés de marketing ont bien compris ce processus.
Regrets : certaines personnes vont dépenser
une énorme quantité d’énergie à accumuler des biens matériels, dans le simple but
d’offrir à leurs proches un avenir meilleur, et ne connaîtront pas leur famille.
Ils laisseront un héritage matériel et n’auront créé aucun lien affectif.
Nous
venons de développer son caractère commun et humain, c’est-à-dire, celui qui
comble nos désirs, nos satisfactions immédiates, et suffit à nos besoins. Ce
bonheur égotique reflète notre immaturité spirituelle.
Cependant,
certains hommes et certaines femmes ne se laissant pas influencer par le courant
de pensée et la société actuelle, adoptent une attitude différente, moins
égoïste et matérialiste, et renoncent ou ne s’attachent pas aux plaisirs
fugaces. Le chemin qu’ils empruntent les conduit vers les défavorisés, les
malades… Leur bonheur les encourage à prendre la voie du sacrifice, de la
pauvreté et de la souffrance. Certes, cela n’est pas facile, car ils s’opposent
à la majeure partie de la société et les gestes qu’ils posent, contrarient
certains projets, mais ils ne se laissent pas déstabiliser par leur peur. Leur
existence n’est pas de tout repos, il leur faut beaucoup de courage, de la
persévérance, du caractère et de la patience. Je citerai comme exemple le
Christ, Chico Xavier, le docteur Bezerra de Menezes, mère Térésa, l’abbé Pierre…
Une pensée d’amour et de gratitude pour tous ceux que je ne peux nommer. Leur bonheur
passait par les autres.
Le
bonheur tel que nous le connaissons sur terre est définitivement incomplet. Nous
en avons la raison un peu plus haut « le bonheur est un état durable de
plénitude ».
Pouvons-nous atteindre cet état ?
Et
si nous parvenions à réunir tous les ingrédients de la recette du bonheur terrestre,
tant qu’il sera associé aux plaisirs et
aux objets extérieurs, il ne sera qu’une illusion pouvant rapidement devenir
une source de désenchantement et de frustrations, de désillusion et de chagrin.
En résumé, si effectivement,
les éléments heureux de notre existence ne nous font pas découvrir le véritable
bonheur, nous ne connaissons pas sa nature exacte ni ce que nous cherchons et
encore moins à quel endroit le chercher. Dans ce monde, il sera pour l’être
humain un mystère, une énigme qu’il tentera d’élucider tout au long de son
existence.
Dans L’Évangile selon le
spiritisme, chapitre V, l’Esprit de François-Nicolas-Madeleine, cardinal
Morlot, communique ceci : « Je ne suis pas heureux ! Le bonheur
n’est pas fait pour moi ! s’écrie généralement l’homme dans toutes les
positions sociales. Ceci, mes chers enfants, prouve mieux que tous les
raisonnements possibles la vérité de cette maxime de l’Ecclésiaste : “Le
bonheur n’est pas de ce monde.” En effet, ni la fortune, ni le pouvoir, ni même
la jeunesse florissante ne sont les conditions essentielles du bonheur ;
je dirais plus : ni la réunion de ces trois situations si enviées, puisqu’on
entend sans cesse, au milieu des classes les plus privilégiées, des personnes
de tout âge se plaindre amèrement. »
Pourquoi ne suis-je pas heureux ?
Le
bonheur est défini et dépend de nos choix, de la façon dont nous allons
organiser notre vie, de la conduite que nous adoptons, de nos priorités et de
nos valeurs.
« L’argent ne
fait pas le bonheur »
Une étude faite par les
psychologues américains E. Diener et D. Myers, rapportée par l’Américan
Psychological Association démontre que « les individus sont plus heureux s’ils vivent dans
les pays riches plutôt que dans les pays pauvres. Cependant, une fois qu’ils
ont assez d’argent pour subvenir aux besoins de base comme la nourriture, un
toit, etc., l’argent ne contribue pas beaucoup à améliorer leur bonheur. »
Ce rapport illustre parfaitement cette maxime bien connue « L’argent
ne fait pas le bonheur ».
926. La civilisation, en créant de nouveaux besoins, n’est-elle
pas la source d’afflictions nouvelles ?
« Les maux de ce monde sont en raison des besoins factices
que vous créez. Celui qui sait borner ses désirs et voit sans envie ce qui est
au-dessus de lui s’épargne bien des mécomptes dans cette vie. Le plus riche est
celui qui a le moins de besoins. » Allan Kardec, Le livre des Esprits, livre IV, chapitre premier.
Notre monde
serait-il à l’origine de nos souffrances ? Je ne pense pas, n’oublions pas
que la société est créée par les hommes et que l’état du monde actuel est la
conséquence de leurs ambitions. Dès l’enfance, on nous a appris à poser des
choix, à en mesurer les conséquences et à renoncer aux autres éléments. Nous
avons tous le libre arbitre, nous pouvons faire le choix de nous laisser
menotter et enchaîner en adhérant aux idées matérialistes, ou de prendre une
route orientée par des valeurs morales et spirituelles. Le monde extérieur parviendra
à nous influencer uniquement s’il trouve un écho en accord avec notre moi profond. La (…) situation (…) reflète toujours notre niveau d’évolution
moral et intellectuel. ESDS, 151.
La personne
vénérant le matérialisme et ses dérives ne doit pas s’étonner de ne pas avoir
d’amis, de traverser seule les épreuves et d’être exclue de son monde
lorsqu’elle perd ses biens matériels. En effet,
« Le bonheur tient aux qualités propres des individus, et
non à l’état matériel du milieu où ils se trouvent ; il est donc partout
où il y a des Esprits capables d’être heureux. » Allan Kardec, Le ciel et l’enfer, chapitre III.
23. « L’homme est
incessamment à la poursuite du bonheur qui lui échappe sans cesse, parce que le
bonheur sans mélange n’existe pas sur la terre. Cependant, malgré les
vicissitudes qui forment le cortège inévitable de cette vie, il pourrait tout
au moins jouir d’un bonheur relatif, mais il le cherche dans les choses
périssables et sujettes aux mêmes vicissitudes, c’est-à-dire dans les
jouissances matérielles, au lieu de le chercher dans les jouissances de l’âme
qui sont un avant-goût des jouissances célestes impérissables ; au lieu de
chercher la paix du cœur, seul bonheur réel ici-bas, il est avide de tout ce
qui peut l’agiter et le troubler ; et, chose singulière, il semble se
créer à dessein des tourments qu’il ne tiendrait qu’à lui d’éviter (…). » FÉNELON,
Lyon, 1860. Allan Kardec, L’évangile
selon le spiritisme, chapitre V.
Nous ne sommes pas
heureux parce que nous cherchons au mauvais endroit.
Les chemins du bonheur
Est-il possible d’être heureux sur terre ?
Oui, en partie, il faut changer notre vision du bonheur.
Notre vision étriquée
et introversive du bonheur nous place toujours en priorité. En effet, l’idée
fausse que nous en avons nous donne l’illusion de mériter plus que nos
semblables. Nous légitimons et justifions notre perception de droit au bonheur en
comparant et en évaluant notre vie, notre chance, notre souffrance et nos
épreuves à celle des autres. Cela nous pousse parfois à envier et à convoiter
les objets de leur bonheur, leur maison, leur santé, leur voiture, leur beauté,
leur jeunesse…
« Que de tourments, au contraire, s’épargne celui qui sait
se contenter de ce qu’il a, qui voit sans envie ce qu’il n’a pas, qui ne
cherche pas à paraître plus qu’il n’est ! Il est toujours riche, car s’il
regarde au-dessous de lui, au lieu de regarder au-dessus, il verra toujours des
gens qui ont encore moins ; il est calme, parce qu’il ne se crée pas des
besoins chimériques, et le calme au milieu des orages de la vie n’est-il pas du
bonheur ? » FÉNELON, Lyon, 1860. Allan Kardec, L’évangile selon le spiritisme, chapitre V.
Si nous analysions
les moments où nous jalousons les bienfaits accordés à autrui, nous
découvririons derrière ces comportements un manque d’affection, une peur, de
l’anxiété, une dépression…
« L’envie et la jalousie ! Heureux ceux qui ne
connaissent pas ces deux vers rongeurs ! Avec l’envie et la jalousie,
point de calme, point de repos possible pour celui qui est atteint de ce mal (…) »
PEINES ET JOUISSANCES TERRESTRES, Allan Kardec, Le livre des Esprits, livre IV, chapitre premier, question 933.
Ce comportement
nous empêche de percevoir les véritables cadeaux de la vie et nous enferme dans
l’insatisfaction.
Notre bonheur passerait-il par celui de notre prochain ?
Je le pense, mais
nous commettons l’erreur de croire que nous sommes plus précieux qu’autrui. Nous
oublions que tous les êtres humains sont les enfants d’un même père et son
amour est équitable pour toute la création. Si nous faisions l’effort de considérer
nos frères, sans décider des bienfaits qu’ils méritent ou pas, l’existence nous
semblerait plus juste, nos relations s’amélioreraient. Dans l’éventualité où
effectivement mon bonheur dépend du sien, il devient évident que le bonheur de l’autre
est plus important que le mien. En effet, il me procure de la joie et vient donner
un sens à ma vie, celui d’aimer, de pardonner, de me réformer intimement.
« 16. Cependant, le bonheur n’est point personnel ; si
on ne le puisait qu’en soi-même, si on ne pouvait le faire partager à d’autres,
il serait égoïste et triste. » (…) Allan Kardec, Le ciel et l’enfer, chapitre III.
Pour être heureux,
nous aurions donc simplement besoin d’être aimés et de voir les autres heureux !
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